Trop de chance , d'Hélène Vignal
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Trop de chance , d'Hélène Vignal
C'est mon dernier coup de coeur , il m'a littéralement secoué !
C'est un livre bouleversant sur le thème des sectes vu par les yeux d'un enfant et raconté à travers une naïveté et une innocence incroyable
C'est un livre pour les ados à partir de 13 ans je dirai....
c'est vrai que l'on ressent tout au long du récit un certain malaise , un dégout et même du desespoir car l'enfant semble impuissant face aux décisions des adultes , non seulement impuissant mais surtout manipulé et sure de vivre des choses tout à fait normales ou devrai-je dire " originales" puisque le narrateur sait depuis le début que c'est une "privilégiéé" (croit -elle) et que c'est pour cela qu'elle doit garder le silence et taire ce secret ... Heureusement, de fil en aiguille , elle se posera des questions , des bonnes questions qui laissent esperer une issue heureuse , du moins pour elle qui ouvre les yeux petit à petit ....
Ce livre est un bijou , un trésor d'émotions , qui prend aux tripes et qui nous fait dire qu'on est bien peu de chose mais en même temps qu'on est bien "chanceux" de n'être que des gens "ordinaires"
voilà la critique de ricochet
Est-il normal de "faire un travail sur soi" et de se sentir aussi mal ? Est-il normal de se sentir si malheureux quand tant de personnes s'accordent à répéter qu'"on a beaucoup de chance" ? L'héroïne de cette histoire vit ce constant décalage entre ce que les adultes lui serinent et ce qu'elle ressent profondément. Elle arrive, au fil du texte, à identifier de plus en plus clairement son malaise : ce Monsieur Maurice Lepoivre, Maître de ses parents et de tant d'autres, qui tient à avoir des tête-à-tête avec sa soeur aînée, n'est pas si bénéfique qu'on veut lui faire croire...
Désirs d'être reconnue par le Maître, d'avoir sa famille pour elle-seule, et d'affirmer tout haut ce qu'elle pense, cela fait beaucoup de contradictions pour une petite fille. Et nul adulte à l'oreille attentive...
Un roman court, très dense et assez sombre, qui évoque l'univers des sectes, de l'intérieur et du point de vue de ceux qui n'ont pas choisi d'être là. ( Croq'livre)
Seconde critique : La narratrice, dix ans, vit dans un petit village avec ses parents et sa grande sœur. Avec eux, elle suit les préceptes d’une secte dont Maurice Lepoivre, se réclamant d’un obscur mystique russe, est, au cœur même du village, le dirigeant. Sans cesse, il faut « travailler sur soi » pour être plus « réveillés » que les autres. Cela passe par l’absence de jeux, de rires pour les enfants, la méditation et les réunions pour les adultes, et les visites régulières de Maurice aux jeunes filles… Ne connaissant rien d’autre, la petite fille estime qu’elle a « trop de chance ». Quoique…
Inspiré de l’histoire personnelle d’Hélène Vignal, Trop de chance est un petit roman comme on en trouve peu sur la psychologie des sectes. Tout est vu de l’intérieur, sur le ton innocent et descriptif de l’enfant qu’est la narratrice. Très habilement, cette position faussement naïve permet au bon sens d’affleurer sans cesse. Sous la répétition de « j’ai trop de chance », de « un jour, je comprendrai », les remarques purement objectives se multiplient (« […] l’autre vieux Russe à moustaches avec un nom pas possible, qui faisait écrire tous ses trucs par les autres. », pp. 19-20), réduisant Maurice Lepoivre à un manipulateur. L’insertion rampante de la secte dans un village dépassé et dubitatif est évoquée en filigrane, de même que la pédophilie exercée par le gourou, un aspect récurrent que notre héroïne n’identifie pas bien (comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs). Dans la tête de la narratrice, le mythe se défait peu à peu, généralement à chaque fois que ses activités d’enfant sont bridées : télévision, fêtes foraines… lui sont interdites : « […] et je me dis qu’ils commencent à m’emmerder avec leurs trucs mais j’arrête vite et j’essaie de ne pas trop penser et de sourire plus. » (p. 44). La fin évoque de rituelles vacances d’été en Bretagne, vacances heureuses sans le « groupe », qui achèveront de convaincre la petite fille qu’elle n’adhère pas à l’enseignement de Maurice Lepoivre. Et s’il n’y a pas encore de rébellion de sa part, une fenêtre sur la liberté s’est heureusement ouverte pour elle (« C’est ça qui m’inquiète : c’est que personne ne les oblige. […] Moi je voudrais que ce soit une secte, pour qu’on puisse dire qu’on nous a enfermés. […] Mais je ne saurais pas le dire. », p. 88). Hélène Vignal est une merveilleuse romancière de l’intuitif, elle sait rendre le mouvement des pensées mieux que personne ; appliqué à des sujets aussi importants que celui-ci, l’œuvre devient salutaire, de lecture quasi-obligatoire ! ( Sophie Pilaire)
C'est un livre bouleversant sur le thème des sectes vu par les yeux d'un enfant et raconté à travers une naïveté et une innocence incroyable
C'est un livre pour les ados à partir de 13 ans je dirai....
c'est vrai que l'on ressent tout au long du récit un certain malaise , un dégout et même du desespoir car l'enfant semble impuissant face aux décisions des adultes , non seulement impuissant mais surtout manipulé et sure de vivre des choses tout à fait normales ou devrai-je dire " originales" puisque le narrateur sait depuis le début que c'est une "privilégiéé" (croit -elle) et que c'est pour cela qu'elle doit garder le silence et taire ce secret ... Heureusement, de fil en aiguille , elle se posera des questions , des bonnes questions qui laissent esperer une issue heureuse , du moins pour elle qui ouvre les yeux petit à petit ....
Ce livre est un bijou , un trésor d'émotions , qui prend aux tripes et qui nous fait dire qu'on est bien peu de chose mais en même temps qu'on est bien "chanceux" de n'être que des gens "ordinaires"
voilà la critique de ricochet
Est-il normal de "faire un travail sur soi" et de se sentir aussi mal ? Est-il normal de se sentir si malheureux quand tant de personnes s'accordent à répéter qu'"on a beaucoup de chance" ? L'héroïne de cette histoire vit ce constant décalage entre ce que les adultes lui serinent et ce qu'elle ressent profondément. Elle arrive, au fil du texte, à identifier de plus en plus clairement son malaise : ce Monsieur Maurice Lepoivre, Maître de ses parents et de tant d'autres, qui tient à avoir des tête-à-tête avec sa soeur aînée, n'est pas si bénéfique qu'on veut lui faire croire...
Désirs d'être reconnue par le Maître, d'avoir sa famille pour elle-seule, et d'affirmer tout haut ce qu'elle pense, cela fait beaucoup de contradictions pour une petite fille. Et nul adulte à l'oreille attentive...
Un roman court, très dense et assez sombre, qui évoque l'univers des sectes, de l'intérieur et du point de vue de ceux qui n'ont pas choisi d'être là. ( Croq'livre)
Seconde critique : La narratrice, dix ans, vit dans un petit village avec ses parents et sa grande sœur. Avec eux, elle suit les préceptes d’une secte dont Maurice Lepoivre, se réclamant d’un obscur mystique russe, est, au cœur même du village, le dirigeant. Sans cesse, il faut « travailler sur soi » pour être plus « réveillés » que les autres. Cela passe par l’absence de jeux, de rires pour les enfants, la méditation et les réunions pour les adultes, et les visites régulières de Maurice aux jeunes filles… Ne connaissant rien d’autre, la petite fille estime qu’elle a « trop de chance ». Quoique…
Inspiré de l’histoire personnelle d’Hélène Vignal, Trop de chance est un petit roman comme on en trouve peu sur la psychologie des sectes. Tout est vu de l’intérieur, sur le ton innocent et descriptif de l’enfant qu’est la narratrice. Très habilement, cette position faussement naïve permet au bon sens d’affleurer sans cesse. Sous la répétition de « j’ai trop de chance », de « un jour, je comprendrai », les remarques purement objectives se multiplient (« […] l’autre vieux Russe à moustaches avec un nom pas possible, qui faisait écrire tous ses trucs par les autres. », pp. 19-20), réduisant Maurice Lepoivre à un manipulateur. L’insertion rampante de la secte dans un village dépassé et dubitatif est évoquée en filigrane, de même que la pédophilie exercée par le gourou, un aspect récurrent que notre héroïne n’identifie pas bien (comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs). Dans la tête de la narratrice, le mythe se défait peu à peu, généralement à chaque fois que ses activités d’enfant sont bridées : télévision, fêtes foraines… lui sont interdites : « […] et je me dis qu’ils commencent à m’emmerder avec leurs trucs mais j’arrête vite et j’essaie de ne pas trop penser et de sourire plus. » (p. 44). La fin évoque de rituelles vacances d’été en Bretagne, vacances heureuses sans le « groupe », qui achèveront de convaincre la petite fille qu’elle n’adhère pas à l’enseignement de Maurice Lepoivre. Et s’il n’y a pas encore de rébellion de sa part, une fenêtre sur la liberté s’est heureusement ouverte pour elle (« C’est ça qui m’inquiète : c’est que personne ne les oblige. […] Moi je voudrais que ce soit une secte, pour qu’on puisse dire qu’on nous a enfermés. […] Mais je ne saurais pas le dire. », p. 88). Hélène Vignal est une merveilleuse romancière de l’intuitif, elle sait rendre le mouvement des pensées mieux que personne ; appliqué à des sujets aussi importants que celui-ci, l’œuvre devient salutaire, de lecture quasi-obligatoire ! ( Sophie Pilaire)
Adsa- Messages : 11
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Trop de chance , d'Hélène Vignal
Merci beaucoup pour ce coup de coeur, le sujet est délicat mais très intéressant !
Nelly- Messages : 18
Date d'inscription : 14/02/2008
Age : 38
Localisation : Marseille
Re: Trop de chance , d'Hélène Vignal
Bonjour,
Je l'ai lu dernièrement et j'ai beaucoup aimé cette courte histoire mais édifiante. La jeune narratrice commence quand même à se poser quelques questions. Elle a beau se dire qu'elle a beaucoup de chance, elle voit bien un peu que son mode de vie diffère énormément des autres. Ca invite vraiment à réfléchir sur le sujet.
Je l'ai lu dernièrement et j'ai beaucoup aimé cette courte histoire mais édifiante. La jeune narratrice commence quand même à se poser quelques questions. Elle a beau se dire qu'elle a beaucoup de chance, elle voit bien un peu que son mode de vie diffère énormément des autres. Ca invite vraiment à réfléchir sur le sujet.
Re: Trop de chance , d'Hélène Vignal
Sur le même sujet, je vous conseille "Le monde attend derrière la porte". Je le trouve très bien écrit et très prenant. Là encore, le groupe auquel la jeune narratrice appartient avec sa famille n'est pas clairement désigné comme secte, mais ça y ressemble tout de même beaucoup (vie très "à part", interdiction de se mêler aux autres, de jouer, tenue obligatoire, etc.).
A lire et faire lire aux ados et à tous !
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Marita- Messages : 50
Date d'inscription : 26/02/2008
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